Quand j'ai vu cette image, j'ai pensé immédiatement : c'est comme moi quand je propose quelque chose à la Direction du Personnel...
Je fais partie d'un forum d'aidants très actif sur internet, on est une dizaine d'aidants à échanger chaque jour, sur la loi sur le vieillissement, les décrets d'application, la confiance, les aides apportées par différentes sociétés, etc. On a même un membre du forum qui est aux Etats-Unis et qui nous parle de temps en temps de ce qui est fait là-bas, elle nous envoie des études, des enquêtes faites là-bas sur les aidants, sur les salariés-aidants. Tous ces échanges, toute cette richesse accumulée, j'ai dit à ma DRH que je pouvais les lui apporter : des actualités concernant la loi, les nouvelles mesures pour les aidants, pour les salariés-aidants en particulier avec le congé de proche aidant, je lui ai dit que je pouvais proposer des informations utiles aux autres salariés-aidants dans l'entreprise.
J'ai dit à ma DRH que j'étais prête à informer, écouter, rencontrer les autres salariés-aidants. J'ai proposé par exemple de tenir une permanence «aidants» une fois par mois (mais qui pourrait être bien plus fréquente si d'autres salariés-aidants se joignaient ensuite à mon initiative).
J'ai dit à ma DRH que je pouvais les aider à mettre sur pied des réunions de sensibilisation destinées au management, que les managers comprennent bien ou mieux ce qui se passe du point de vue d'un salarié-aidant qui doit concilier au quotidien travail et aide à un proche dépendant ou malade.
J'ai fait des suggestions à ma DRH, j'ai dit quels services à la fois pas coûteux et utiles aux autres salariés-aidants pourraient être mis en place.
J'ai dit oralement. J'ai dit par écrit. J'ai donné des exemples concrets de ce que je proposais, comment je pouvais le faire.
Rien à faire, la DRH a soit ignoré ce que je disais, soit répondu que ce serait trop cher, soit répondu qu'elle avait plein d'autres choses à faire et qu'elle ne pouvait pas se pencher sur ma proposition faite avant quelques temps.
Je ne dis pas que j'ai inventé la roue, ni que les aidants ont le savoir. Je dis seulement que les salariés-aidants savent de quoi il s'agit vu du point de vue de l'aidant, je dis que si les DRH intégraient leurs propres salariés-aidants dans leur démarche, les DRH gagneraient en efficacité et surtout en rapidité de mise en œuvre.
Au quotidien, les aidants donnent, donnent. Ils donnent leur temps au proche qu'ils aident, ils donnent leur support moral, ils donnent leur force physique. Au travail, dans notre activité professionnelle, nous pourrions donner aussi beaucoup, ce serait de mon point de vue un bon échange : l'entreprise nous donne plus de liberté sur nos horaires ou nos modalités de travail, en contrepartie nous donnons à l'entreprise notre expérience, notre savoir «aidants», qui peut être utile à tous les autres salariés-aidants de l'entreprise.
Je ne parle pas non plus d'apports que pour les seules DRH. Comme je l'ai lu dans d'autres expériences racontées par des aidants, ces apports peuvent aussi être utilisés par les directions du marketing, les directions produits destinés aux clients. Après tout, 20% des clients particuliers des entreprises sont des aidants eux aussi.
Je m'en rappelle comme si c'était hier, quand la première fois j'avais expliqué à une collègue du marketing dans ma propre entreprise qu'en tant qu'aidante, je pouvais aider à la définition des services qu'elle était chargée de mettre au point pour les aidants dans un contrat d'assurance dépendance, elle m'avait regardée totalement surprise : «mais on a déjà des consultants qu'on paye et qui nous donnent les services à mettre»...
C'est vrai, je suis dans une direction administrative, alors je ne suis pas censée avoir des idées marketing, il y a des gens payés pour ça ou des extérieurs sont payés pour ça ...
C'est vrai, je ne suis pas dans la direction du personnel, je ne suis pas censée avoir des idées RH, il y a des gens payés pour ça ou des extérieurs sont payés pour ça...
C'est vrai, je suis une salariée-aidante, et quand l'entreprise décidera de ce qui est bien pour moi, elle me le fera savoir en temps et heure. Et si je trouve que ce qui m'est proposé n'est pas vraiment adapté ? J'imagine déjà la réponse: «On ne peut pas non plus prendre en compte tous les cas...».
Respectpourlesaidants, salariée-aidante
Pas évident de devoir aider au quotidien un proche et de rester mobilisé à 100% dans son activité professionnelle. De plus en plus d'entreprises prennent conscience de ce challenge des salariés aidants et proposent des dispositifs d'accompagnement.