Dans toutes les sphères de la société, lorsqu'une nouvelle réalité devient la norme, il faut souvent faire ensuite du rattrapage. Il y a quelques années seulement, on aurait pu considérer le fait, pour un parent, de quitter le bureau à une heure précise pour aller chercher son enfant à la garderie comme une décision nuisible à sa carrière. Aujourd'hui, la plupart des employeurs acceptent cette situation sans poser de question. Or, il est maintenant temps, pour les organisations, de passer à l'étape suivante et de reconnaître que de nombreuses personnes éprouvent de la difficulté à concilier leurs responsabilités professionnelles avec la prestation de soins non rémunérée à un membre de leur famille ou à un ami. Pour rester productifs et en santé, les employés ont besoin du soutien de leur employeur.
Plus de 6 000 000 de personnes - 35 % de notre population active - fournissent des soins informels et non rémunérés, tout en assumant leurs responsabilités professionnelles. La plupart des employés qui sont aussi aidants naturels consacrent neuf heures ou moins par semaine à fournir des soins, mais une proportion non négligeable (24 %) alloue jusqu'à 30 heures à cette tâche, et d'autres personnes y consacrent encore plus de temps. Les bénéficiaires de soins sont principalement des aînés. Par ailleurs, la plupart des aidants naturels sont âgés d'au moins 45 ans et constituent souvent des employés talentueux et chevronnés qui possèdent des connaissances approfondies sur l'entreprise ou le secteur. Ils apportent une contribution importante à l'organisation et à l'économie canadienne en général, si bien que ce sont des gens que nous ne voulons pas voir quitter le marché du travail.
Le Conference Board du Canada estime le coût de la perte de productivité pour les employeurs canadiens à 1,3 milliard de dollars par année. Les coûts pour les aidants naturels sur le plan du stress et du retard dans l'avancement professionnel peuvent aussi être importants, en particulier pour les femmes qui se trouvent à des stades cruciaux de leur carrière.
Dans quelle mesure les employeurs canadiens sont-ils au courant de cette réalité et comment peuvent-ils en atténuer l'incidence sur leurs employés et leurs organisations? Les entreprises que nous avons consultées - qui allaient de grandes multinationales à de petites entreprises gérées par leur propriétaire - étaient généralement surprises que la prestation de soins par des aidants naturels soit aussi omniprésente. Toutefois, elles étaient aussi conscientes qu'il s'agissait d'une réalité et prenaient activement des mesures, mues par le désir de « faire la bonne chose » pour leurs employés.
De l'avis général, des solutions sont disponibles et une intervention par voie de réglementation serait inefficace. Par contre, il ressort clairement que davantage de ressources et d'information peuvent faire une différence importante pour l'employé qui est aussi aidant naturel et pour sa productivité au travail.
La prestation de soins par des aidants naturels est un enjeu qui aura des répercussions sur la plupart des Canadiens à un moment ou à un autre de leur vie. Au fur et à mesure du vieillissement de la population et du ralentissement de la croissance de la population active, il deviendra de plus en plus important de soutenir les employés ayant des responsabilités d'aidant naturel. Nous espérons que le présent rapport constituera une ressource utile, qui aidera les employeurs à prendre des mesures et les encouragera à agir en ce sens.
Pas évident de devoir aider au quotidien un proche et de rester mobilisé à 100% dans son activité professionnelle. De plus en plus d'entreprises prennent conscience de ce challenge des salariés aidants et proposent des dispositifs d'accompagnement.