Dommage que je ne sois pas députée !

«Ce droit à répit est une avancée considérable, tout le monde en convient, mais à condition que des centaines de milliers d’aidants puissent en bénéficier dès 2016 et se passent le mot, pas seulement quelques milliers». C’est ce que demande une aidante qui craint que les délais en 2016 ne soient tels pour la mise en place de ce droit à répit que trop peu d’aidants puissent en bénéficier et que le «bouche à oreille» positif des aidants entre eux ne fonctionne pas avec ce nouveau droit.

Publié le 21 septembre 2015

Je suis aidante, je ne suis pas députée ! Je suis bloquée chez moi pour aider mon conjoint, mais cela ne m'empêche pas de pouvoir suivre en direct sur mon ordinateur les débats que l'Assemblée Nationale retransmet sur son site! Alors l'autre jour quand j'ai entendu une députée interpeller la ministre sur l'article 32bis de la loi d'adaptation de la société au vieillissement, en commençant comme ca : «Je ne puis imaginer un seul instant que le Gouvernement n'ait pas mesuré - lui ou l'ADF - l'impact réel du dispositif...» (1), je me suis dit que le gouvernement avait forcément aussi les chiffres sur la mise en place du répit, de l'hospitalisation de l'aidant, sur la révision des situations des personnes aidées, sur le nombre de visites que les équipes médico-sociales pourraient faire pour réviser les plans...

Alors si j'avais été députée présente à l'examen en seconde lecture de la loi sur le vieillissement, et quand l'article 36 aurait été abordé, j'aurais interpellé la ministre en lui disant :

«Je ne puis imaginer un seul instant que le Gouvernement n'ait pas mesuré - lui ou l'ADF - l'impact réel du dispositif du répit et de l'hospitalisation de l'aidant pour les départements. Ce dispositif sera mis en œuvre dès le 1er janvier 2016 : sitôt les décrets publiés, le droit au répit des aidants et la prise en charge par le département de l'aidé en cas d'hospitalisation de l'aidant s'appliqueront. Vous avez la DREES qui a contribué à votre analyse de l'impact, vous avez évalué le temps nécessaire aux départements pour réviser les situations des bénéficiaires actuels de l'APA. Vous avez dû forcément évaluer le nombre de familles qui reviendront demander à pouvoir bénéficier de l'APA avec les nouvelles règles qui vont diminuer le reste à charge. Vous avez organisé de manière anticipée la conférence des financeurs, madame la secrétaire d'État, et les départements ont dû vous faire remonter des données comme le nombre d'équipes médico-sociales qu'ils pourront mettre sur le pont, le temps nécessaire pour former ces équipes à la nouvelle approche multi-dimensionnelle des besoins de la personne aidée et de son aidant, l'organisation qu'ils pensent mettre en place pour la révision prioritaire des personnes fortement dépendantes bénéficiaires de l'APA, et si le délai du 31 décembre 2016 leur semble possible pour réaliser ces révisions de toutes les personnes bénéficiaires de l'APA.

Pourriez-vous nous les communiquer ? Ces réponses, ce me semble, intéressent les Français et les millions d'aidants en particulier qui sont au bord de l'épuisement physique ou mental. Ce droit à répit est une avancée considérable, tout le monde en convient, mais à condition que des centaines de milliers d'aidants puissent en bénéficier dès 2016 et se passent le mot, pas seulement quelques milliers.»

Voilà ce que je lui aurais dit. Mais je suis aidante, je ne suis pas députée, et sans doute nous n'aurons jamais ces réponses de la part de la ministre.

(1) discussion de l'amendement 102 sur l'article 32 bis, intervention de Madame la députée Isabelle Le Callennec


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