La Haute autorité de santé (HAS) réévalue actuellement le « service médical rendu » (SMR), en d'autres termes, l'efficacité des quatre médicaments anti-Alzheimer actuellement sur le marché. Quatre ans après la dernière déclassification de ces molécules, l'institution sanitaire pourrait, cette fois-ci, déclarer leur SMR « insuffisant » et ainsi tout simplement provoquer leur déremboursement total. Une chose est sûre : tout s'oppose aujourd'hui à une telle décision jugée « risquée et injustifiée » par de nombreux acteurs de la prise en soin, à commencer par France Alzheimer et maladies apparentées.
En matière de santé, mieux vaut prévenir que guérir. Visiblement, en matière de déremboursement des médicaments anti-Alzheimer aussi. Alors que plane la menace d'une nouvelle dégradation du SMR de ces spécialités par la Haute autorité de santé (HAS), France Alzheimer et maladies apparentées a décidé de prendre les devants face à une possible décision qu'elle estimerait inappropriée et dangereuse. A ce titre, l'Association de familles s'inscrit dans la droite lignée des propos tenus récemment par le Pr Mathieu Ceccaldi, chef du service Neurologie et neuropsychologie de l'hôpital La Timone à Marseille, Président du Conseil Scientifique sciences médicales de France Alzheimer et président de la Fédération Nationale des Centres mémoire de ressources et de recherches (CMRR). Le neurologue indique dans les colonnes du Quotidien du Médecin qu'il serait « prématuré de tout arrêter. En arrêtant ces traitements, on court le risque d'accentuer une démédicalisation, qui aura aussi un effet négatif sur la prise en charge globale. » Sans pour autant crier au loup, France Alzheimer et maladies apparentées entend donc aujourd'hui « prévenir ». Car, après le passage en 2011 d'un service médical rendu (SMR) d' « important » à « mineur », le passage, cinq ans plus tard, d'un SMR de « mineur » à « insuffisant » signifierait tout simplement le déremboursement total des quatre médicaments anti-Alzheimer.
Jusqu'en 2011, le remboursement se faisait à hauteur de 65%. Aujourd'hui, le remboursement se fait à hauteur de 15 %. Et demain ? 0 % ? Soit un déremboursement total ?*
Alors que la réévaluation par les services de la HAS est en cours, les arguments contre une nouvelle dégradation des médicaments sont légion :
Inciter au diagnostic précoce
Les prescripteurs de médicaments ont recours à ces derniers dans un cadre très réglementé. Au-delà du diagnostic qu'ils posent, chacun veille à respecter scrupuleusement les recommandations de la HAS en matière de prescription médicamenteuse et de suivi de traitement. Même si leur impact sur les troubles cognitifs semble en effet limité, les médicaments peuvent améliorer les troubles du comportement de certaines personnes malades.
Enfin, le déremboursement total aurait une incidence économique limitée sur les finances de la Sécurité sociale puisque les quatre molécules sont toutes génériques depuis 2016.
Comment justifier alors, un déremboursement total de médicaments bénéfiques à des milliers de personnes?
Porte-parole de milliers de familles qu'elle accompagne et soutient au quotidien sur l'ensemble du territoire national, France Alzheimer et maladies apparentées portera une attention particulière aux conclusions des services de la HAS qui devraient être rendues publiques courant juin.
*sauf pour les personnes malades diagnostiquées qui bénéficient d'un remboursement à 100 % au titre de l'ALD 15. Elles représentent moins de 50 % des personnes malades !
Avec 850 000 personnes malades et une projection démographique annonçant 1, 3 millions d'individus touchés en 2020, la maladie d'Alzheimer apparaît comme l'un des principaux enjeux nationaux de santé publique. France Alzheimer et maladies apparentées est la seule association nationale de familles reconnue d'utilité publique. Elle soutient les familles et les personnes malades, informe l'opinion et les pouvoirs publics, contribue à la recherche et forme les bénévoles et les professionnels de santé.
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