Entre tristesse et frustration...
Je ne suis pas quelqu'un de revendicative, je ne suis pas quelqu'un qui attend tout de l'Etat providence, mais il y a des moments où les mots prennent du sens et quand je vois le peu de considération pour les aidants que certaines personnes ont, et bien je suis à la fois triste et à la fois en colère.
J'ai écouté nos ministres Marisol Touraine et Laurence Rossignol en 2014, je les ai entendues dire que les aidants pourront prendre des vacances, une semaine, je les ai entendues dire que tous les aidants auront droit à du répit, que les aidants qui prévoient d'être hospitalisés pour une intervention nécessaire à leur santé pourront enfin le faire en ayant leur proche pris en charge pendant ce temps...
Puis j'ai vu les montants d'argent que nos ministres ont dit qu'elles allaient consacrer aux aidants, et alors là, avec d'autres amis aidants, j'ai commencé à me dire qu'elles avaient dû oublier du monde en faisant leurs comptes...
Et de petites phrases en petites phrases, je me dis qu'au fur et à mesure, ce qui sera fait pour les aidants avec cette loi se réduit comme une peau de chagrin.
Je suis sûre que nos ministres savent très bien quelles hypothèses ont été retenues pour déterminer combien d'aidants seront aidés et arriver aux chiffres qu'elles ont posés dans la loi.
Alors ce n'est pas bien de dire que « tous les aidants » auront droit à un répit. Alors ce n'est pas bien de ne pas préciser dès maintenant quel type d'hospitalisation sera pris en compte. Alors ce n'est pas bien de supprimer, sous le prétexte d'avoir plus de liberté d'ajuster ces sommes aux besoins réels des aidants, les pourcentages mis par le Sénat qui faisaient que les aidants, année après année, seraient sûrs d'avoir au moins les sommes annoncées pour eux.
Alors je me suis dit : puisque nos ministres ne disent rien, quel pourrait être le chiffre des aidants qui vont être aidés en 2016 avec la mise en application de la loi au 1er janvier 2016 ? ... Voilà le décompte des aidants que j'ai fait. Il vaut ce qu'il vaut, mais puisque les ministres ne donnent pas leurs calculs, je pense que mon calcul tient la route.
a) seuls les aidants ne pouvant pas être remplacés auprès de leur proche à domicile bénéficiaire de l'APA et exigeant une quasi supervision 24/24, 7/7, seuls ces aidants pourront espérer un « droit à répit ». Je pense que sur les 50000 personnes aujourd'hui bénéficiaires de l'APA et au plafond déjà de leur GIR1 ou de leur GIR2, sans doute pas plus de 15000 aidants, un tiers, seront considérés comme « ne pouvant pas être remplacés ».
b) seuls ces mêmes aidants d'ailleurs pourront demander la prise en charge de leur proche en cas d'hospitalisation. Sur ces 15000 aidants, peut-être 1000 seront dans ce cas d'hospitalisation.
c) et puis enfin, pour avoir droit à ce répit, il faudra que l'évaluation ou la révision de la situation du proche aidé ait été faite par l'équipe médico-sociale. Espérons que les conseils généraux ne mettront pas 3 à 6 mois pour former ces équipes à cette prise en considération du critère d'aidant non remplaçable... Dans le meilleur des cas, en comptant sur l'application de la loi dès le 1er janvier 2016, peut-être 2000 à 3000 évaluations ou révisions chaque mois pourront être faites sur l'ensemble de la France, dont sans doute 600 à 1000 aidants seront reconnus comme « ayant droit à répit ».
Allez, même au rythme de 1000 aidants par mois en moyenne qui se verront un droit à répit attribué, on en sera à peine à 10 000 en réalité à la fin de l'année 2016.
10000 aidants en tout et pour tout en 2016, nous sommes loin des 8,3 millions d'aidants recensés dont 2 à 3 millions n'en peuvent plus selon nos ministres eux-mêmes... C'est un chiffre qui me rend triste et qui rajoute à ma colère.
Princesserouge
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